Bonne nouvelle, votre train est à l’heure…

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    « la confiance est un élément majeur : sans elle, aucun projet n’aboutit »

    (eric Tabarly)

    Au cours des cinq dernières années,  la confiance à l’égard des médias s’est fortement dégradée tant pour les médias papiers (-21% de score de confiance en 5 ans), qu’audiovisuels (-28%).

    Deux synthèses d’études, basées sur des échantillons incontestables et toutes deux réalisées courant janvier et février 2019, viennent de paraître à quelques semaines d’intervalle.

    • Le rapport annuel du Think Tank Reuters Institute, (38 pays, 75.000 répondants âgés de 16 à 74 ans, dont 2.005 en France)
    • Le rapport de l’étude Trust in Media, réalisée par Ipsos (27 pays, 19.541 répondants âgées de 16 à 64 ans, dont plus de 1.000 en France)

    Même si les résultats diffèrent légèrement, le constat est le même : la cote de confiance des Français dans les médias est faible et tous les supports sont touchés par cette tendance de fond.

    • Côté Reuters, seuls 24 % des Français sondés déclarent avoir confiance dans les médias.
      Ce chiffre est de surcroît en forte baisse par rapport à l’année dernière (35 % de sondés confiants dans les médias français). Des 38 pays étudiés (24 pays européens, six pays d’Amérique, six d’Asie, un d’Océanie et un d’Afrique), seule la Corée du Sud fait pire avec un taux de confiance de 22% des interrogés…

    • Côté Ipsos, le taux de confiance est de 36% pour ce qui est des journaux et magazines papier et de 37% pour la télévision et la radio.
      En revanche, 64% des personnes interrogées sont prêtes à croire les informations apprises d’une personne qu’elles connaissent dans la vie de tous les jours (sans jamais s’interroger sur la façon dont cette personne a pris connaissance de l’information). C’est globalement 2 fois plus que pour les médias…. et la seule « source d’information » qui observe une croissance ces dernières années.
      Près d’un Français sur deux (48%) pense que journaux et magazines « véhiculent fréquemment de fausses informations », proportion qui monte à 52% pour la télévision et la radio et 63% pour les médias sociaux….

    Au-delà de ces données déjà peu réjouissantes, apparaissent des tendances susceptibles de nous faire réfléchir durant l’été :

    • Dans l’étude Ipsos, 46% des Français déplorent « le manque de pertinence » de l’information délivrée. De plus, ils sont moins de la moitié (47%) à estimer que les médias papier « agissent avec de bonnes intentions ».
    • Dans le rapport Reuters, le désintérêt des Français pour l’actualité aurait pour première cause « l’impact négatif sur leur humeur » suivie du sentiment d’impuissance éprouvée.

    « J’abandonne sur une chaise le journal du matin,
    les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent…. » (Stephan Eicher)

    Le pessimisme français n’est pas nouveau. Enquête après enquête, année après année, institut de sondage après institut de sondage, invariablement, la France figure dans les tréfonds des classements internationaux. Depuis trois décennies. Au moins. Chômage élevé, inégalités, insécurité, immigration, pollution, météo même, tout alimente la  » dépression française « .

    Ajoutons à cela que notre pays est spécialisé dans la médiatisation des informations négatives : le baromètre de l’INA relevait déjà qu’entre 2003 et 2013, le nombre de sujets consacrés aux faits divers dans les JT avait augmenté de 73%…

    Mais n’y a-t-il pas d’autres angles ? La piste du « journalisme constructif » ou « journalisme de solutions » ne devrait-elle pas être approfondie ?  

    Les médias d’informations pourraient-ils évoluer pour fournir au public une vision plus exacte du monde ? Rapporter les progrès réalisés autant que les conflits ? Parler du bien ET du mal ?

    Mettre en œuvre la suggestion de Mariette Darrigrand, dans son livre « Comment les médias nous parlent mal » (publié en… 2014), en substituant aux « mots porteurs de maux », des « mots porteurs de sens » ?

    Bien sûr, les écoles de journalisme expliquent dès le premier jour que « le train qui arrive à l’heure n’est pas une information » (quoique… il y a débat ;-).

    De même que dans toute démarche qualitative d’investigation, marketing ou autre, il importe d’aller jusqu’aux questions : « alors quoi faire désormais ? » et « comment ?».  
    Y-a-t-il des solutions possibles pour tel ou tel problème ? Comment contourner la difficulté ?
    Quelles sont les issues créatives, inédites, convaincantes… identifiées ?

    Ainsi, ouvrir sur l’avenir, et pas seulement sur le présent et le passé.

    Selon une étude du Solutions Journalism Network et l’Engaging News Project menée auprès de 755 Américains adultes, le journalisme orienté vers la solution est prometteur sur au moins trois dimensions :

    • Le lecteur a davantage le sentiment d’être bien informé
    • La confiance se renforce entre le lectorat et les organes de presse
    • L’engagement des lecteurs augmente : nombre de partages sociaux, du nombre de lectures sur le site, du même auteur, sur le même sujet…

    Le tout ayant une influence positive sur les revenus générés…

    Il est temps d’ouvrir un débat sur le sujet. Un débat où les gens ne discutent pas seulement de leurs désaccords mais recherchent ensemble des points de convergence…

    Où la conversation éclairée et l’écoute bienveillante sont une fois de plus d’actualité…


    Sources :

    Digital News Report 2019 / Reuters Institute

    Trust in Media / Ipsos

    The Power of Solutions Journalism

    « Comment les médias nous parlent mal » / Mariette Darrigand

    Cyrille Franck, Directeur de l’ESJ Pro


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